mardi 22 mai 2012

Le diable de Radcliffe Hall

Chers Pas-it-Blogeurs, vous m'avez manqué ! C'est dit ! Je sors un peu la tête de l'eau, mon déménagement est fait (oufff !), plus que quelques cartons à déballer, mais soyez rassurés, tous mes vernis sont bien rangés (par contre mes pauvres ongles survivent mal au déménagement, transport des cartons, nettoyage, récurage, ménage etc...).

J'ai quand même eu le temps de lire "Le Diable de Radcliffe Hall", de Stéphanie des Horts, parce que le bouquin traînait dans mon bureau un soir où je ne savais pas quoi lire, parce que pas le temps d'aller fureter en librairie.




Bon, tout le monde connaît bien maintenant ma prédilection pour la british way of life et tout ce qui touche, de loin ou de près, à la Couronne d'Angleterre.  Et avec ce roman, j'ai été servie !

Les Radcliffe, c'est une grande famille d'anglais, très fitzgeraldiens, tous complètement timbrés, une smala de dégénérés, vivant dans un vieux château jadis magnifique, tombé, faute d'argent, en ruine, chacun des occupants vivant encore dans le passé de la splendeur radcliffienne.

Il y a tout d'abord le très séduisant Chas Radcliffe et sa compagne Honor Lassiter, deux héros fougueux, immoraux au possible, imbibés de cocktails et adeptes de toutes les folies, Kissimmee Radcliffe, soeur de Chas, somptueuse créature à ses heures mannequin, l'Honorable Jude Radcliffe, frérot des deux cités, l'intello-poète-écrivaillon de la famille, Peter Radcliffe, le beau, veuf et très élégant patriarche, ainsi que quelques autres personnages tout aussi hauts en couleur, extravagants, loufoques, déjantés, tous au bord de la ruine, quelle soit financière ou personnelle, tous personnages à la dérive, mais une dérive très anglaise, c'est-à-dire très digne. Ah, on croise aussi la soeur de la Reine (Margaret) et Winston Churchill, dans des passages du roman absolument ahurissants !

Et puis l'élément américain : Maisie Kane, la très très très riche jeune américaine, orpheline et héritière de la colossable fortune de son père, venue par-delà les océans chercher un époux européen.

Maisie Kane est américaine, donc, mais aussi grosse, moche et très candide. Il n'en faut pas plus aux Radcliffe pour courtiser cette pucelle innocente, l'amadouer, flatter son ego (surdimensionné !), bref, l'amener en leur beau manoir poussiéreux afin de la faire cracher au bassinet. Et tout le clan Radcliffe s'y emploie. De flatteries en asservissement (la blonde replète américaine est si jeune et si maléable qu'on peut en faire tout, absolument tout ce qu'on veut), Maisie Kane entre peu à peu dans le clan et découvre peu ) peu ses cruautés, ses perversions, ses services à thé ébrechés, ses parties de chasses, son style de vie si suranné pour une jeune américaine.

Il y a quelque chose de pourri dans le royaume des Radcliffe, et Maisie flaire vite le danger... mais s'adonne pourtant, sans broncher, à tous leurs caprices... Et oui, dans ce roman, le Diable n'est pas forcément celui que l'on croit, et ce petit roman doux-amer sonne bientôt comme  un sanglant thriller arrosé de crème anglaise.

Si l'intrigue n'est pas bien épaisse il n'en reste pas moins que ce roman est totalement croustillant, décadent et totalement amoral ! Chacun des personnages (qu'il soit anglais ou américain) rivalise de bassesse morale avec son voisin, c'est drôle et caustique, on grince des dents au fil de la lecture, on rougit, on est très choqué. C'est ici une Angleterre insoupçonnée que décrit Stéphanie des Horts, vue par le prisme d'une américaine pas moins dépravée que ses comparses britanniques.

Savoureux et acide comme  une tranche de cheese-cake ! Ames sensibles, s'abstenir !

"Le Diable de Radcliffe Hall" de Stéphanie des Horts (éditions Albin Michel - 296 pages - janvier 2012)


Pam Baileys

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